Citoyens, ici, là où nous vivons !

En rangeant mes bouquins, je suis tombé sur le manuel scolaire “Education Civique Juridique et Sociale”. Et j’ai trouvé le billet ci-dessous, que j’avais écris le 16 janvier 2001. Les éditions Magnard l’avait publié dans ce bouquin. Maintenant que je le lis, je me dis que je ne l’écrirais pas pareille, mais je n’ai pas bougé un iota de ce qu’il exprime.

“Nous sommes nés quelque part ailleurs et nous vivons quelque part ici.”

Se sentir Français n’est pas une question de carte d’identité. Ce qui fonde un individu n’est pas simplement son présent, son quotidien. Une personnalité se construit à partir d’une culture, d’un passé, de souvenirs, d’une histoire, d’une mémoire, de la famille, des habitudes, des traditions, des coutumes, des origines.

Parmi vos voisins de palier, il y en a qui sont nés ailleurs, ont vécu ailleurs, se sont construits ailleurs, ont leurs souvenirs, leurs familles ailleurs … Ils étaient enracinés ailleurs et, malgré eux, par obligation, politique ou économique, ils se sont déracinés : ils ont émigré. On oublie très souvent ce que ça peut représenter comme douleur. On pense souvent aux conditions sociales, aux questions économiques, mais une personne n’est pas qu’un animal politique.

Partager une histoire commune, une culture commune, fait partie intégrante de l’individu, demander à nos voisins de palier de se naturaliser (quel mot absurde pour désigner l’acquisition de la nationalité française), pour avoir le droit de donner son avis, pour pouvoir participer à la collectivité, pour pouvoir jouir pleinement des droits de citoyen, c’est en partie lui demander de se renier, du moins oublier ce qui a fait ce qu’il est.

Pourtant, ces voisins de palier travaillent : chauffeurs de taxi, ingénieurs, médecins, ouvriers … Ils sont souvent originaires des anciennes colonies de la France. Leurs enfants sont parfois français. Ils sont ici et enrichissent la France économiquement et culturellement grâce à leurs racines justement. Ils contribuent à la construction de la Nation, à son développement. Et pourtant ils n’ont pas le droit au vote.

Quelle idée se fait-on de la Nation ? Quelle idée se fait-on de la démocratie, de la citoyenneté ? Quelle idée se fait-on de l’intégration ?

Respecter l’individu, c’est respecter ses racines. Respecter l’individu, c’est lui reconnaître une voix, le droit de vote.

Non, être français n’est pas une question de carte d’identité !

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