Fournisseur de données pour les “Big Brother” !

Je tombe sur un article dans Google News sur l’Affaire Petraeus. Encore une histoire d’adultère à l’américaine qui sens bon le puritanisme. En fait l’histoire coquine est en elle-même puritaine. C’est une autre histoire !

Selon cet article, les bons gens seraient inquiets pour la sécurité nationale des Etats-Unis parce que Paula Broadwell, donc la maitresse, aurait eu libre accès à la boite Gmail du général !!!

D’abords je suis hilare, ensuite je relie la phrase, après je me dis non, le journaliste s’est trompé, il a voulu dire ses e-mails …

Quoi qu’il en soit c’est dingue. J’espère pour les américains, et pour leur sacrés sainte sécurité nationale , que leurs militaires ne s’échangent pas leurs plans “TOP SECRET” via Gmail, ni via e-mail !

Vieux vétéran de l’écran qui montre un truc vertical, ou horizontal scintillé, je ne peux m’empêcher de me projeter au temps jadis.

En 86, je découvrais l’ordinateur. Gilles, notre maître, nous avait emmené, nous la classe des enfants de demandeurs d’asile, en apprentissage de la langue française, à la salle informatique. Il y avait un PC sous une bache en plastique que Gilles enlevait précieusement. Il suivait la procédure pour allumer ce PC central, ensuite nous allumions les moniteurs branchés sur ce PC pour donner des instructions à la petite tortue. Nous découvrions le language Logo. Pour moi c’était une fascination de donner des instructions et dessiner avec cette tortue des figures simples. Je pense que le goût du développement vient de cette salle informatique. Gilles m’a beaucoup appris, en tout cas, de m’avoir fait découvrir cette tortue a peut-être forgé ma vie professionnelle.

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En 87, 88 j’ai fais connaissance avec un copain iranien. On arrivait à échanger, on parlait la même langue. Lui, il avait un IBM. J’ai tellement embêté mon père qu’il m’a acheté un Amstrad. On passait du temps, ensemble, sur ces machines je ne sais plus à quoi. Ces écrans n’affichaient que 4 couleurs et on ne pouvait pas faire grands choses à notre âge avec. En tout cas, quand ma mère nous appelait en disant d’arrêter de jouer avec l’ordinateur, ça énervait mon copain. Il disait on joue pas, on travaille.

J’en ai tapé des lignes de codes sur mon Amstrad. J’en ai usé des disquettes. Je tapais des lignes de codes, dans Basic, QBasic, de bouquins piqués à Auchan, dont je ne comprenais absolument rien, pour se voir afficher à la fin un message d’erreur, au lieu du jeu qu’on nous avait fait miroité. Finalement, j’arrivais à modifier des programmes. Ma fierté avait été d’avoir “écrit” un petit truc qui me faisait réviser mes verbes irréguliers d’anglais.

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Et il y a eu Pascal (le langage) des cours en option au lycée, qui m’a familiarisé avec les variables et les boucles.

Et puis ce doux son : http://youtu.be/hWNr9FBJhqQ et l’annuaire Yahoo !, Publisher et sa génération de pages HTML moisies, la découverte de Dreamweaver et le site T50.com (???) l’annuaire de sites de crack, les CD de programmes vérolés qu’on s’échangeait, le code HTML avec ses frames, les images rollover et la détestation de Microsoft, la découverte du Libre et de Linux, le PHP, postgreSQL, Smarty, Spip, Typo3, Lutèce, Joomla, DotClear, Drupal …

Et un jour je me réveille et m’aperçois que tous les bureaux, appartements et maisons sont équipés d’un Personnal Computer, que le PC a mué en PC Portable, eeePC, eBook, tablette … que le PDA est devenu Smartphone.

Le monde est connecté, de partout, ou presque.

Le petit site avec son petit champs de saisi de recherche a envahi le monde. Et le monde s’auto-fiche dans des réseaux sociaux. Les avertissements en 1997 de certains sites “Attention, ce site utilise un cookie qui stockera des informations …” n’est plus, mais par contre des serveurs stockés dans des salles blanches gigantesques, on ne sait où dans les nuages, se remplissent des historiques de nos recherches sur le web, des coordonnées géographiques de nos déplacements, que la moindre application nous demande de nous identifier, de la laisser nous positionner. On nous demande même notre religion, nos idées politiques, nos photos de famille, notre intimité … Et tout le monde, ou presque les livre à ces sociétés privées, dont personne n’a la maîtrise sinon peut-être leurs actionnaires (?), dont personne n’a lu les mentions légales et même si on lit les mentions légales et alors …

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Le comble de l’absurde, non seulement tous les sites renvoient du monde vers les sites conçus par ces sociétés, gratuitement, mais en plus embauchent des “communities manager” pour faire vivre ces sociétés, en faisant vivre leur propre marque sur ces réseaux sociaux, ces sites, pour se faire mieux référencer sur LE moteur de recherche !

Impossible de trouver un article, une page web qui ne propose son partage sur Facebook, Twitter, Google +, Tumblr et consœurs. Tous les sites renvoient ses visiteurs vers ces sociétés privées, pour qu’ils remplissent des bases de données avec leurs profiles eux-mêmes. Toutes ces données, ces contenus recueillies gratuitement, que nous fournissions sont ensuite vendus à des “publicitaires”.

On déverse nos vies dans des bases de données et sans vraiment nous interroger sur “qui contrôle ces données et leur utilisation ?”

On croit échanger des messages personnels et privés via Gmail et pourtant tous ces messages sont indexés pour nous proposer aujourd’hui de la pub et demain ?

Et moi, j’ai mon blog sur Tumblr, ma page Facebook, mon compte Instagram, Twitter … et le général Petraeus échange des plans top secrets via son adresse Gmail !