À l’usine

Nous sommes en 87. J’attends mon tour, dans une pièce du collège Thomas Masaryk. J’ai rdv avec le médecin scolaire.

Banlieu

Sur le mur il y a une affiche avec des pains de sucre. Je suis perdu dans mes souvenirs. Je vois ma mère et ma grand mère sur une nappe, assises par terre, en train de couper en petits morceaux un pain de sucre gigantesque. ça y va avec le marteau, ensuite avec de grands ciseaux et puis des petits. Je me rappelle de ces ciseaux que ma mère ne se séparait jamais; des ciseaux made in USSR.

Un copain passe le test d’Ishihara, juste à côté, haut la main. Ce test que je ne réussi pas et qui fait dire au médecin du travail, cette réplique que je n’oublierai jamais : “Tu sais ce n’est pas grave, quand tu seras ouvrier à l’usine, il se peut que tu aies des problèmes avec les diodes des machines …”

Je ne comprenais pas, je ne m’étais jamais projeté dans une usine ! Je voulais être écrivain, comédien … Pour cette dame, étudier au collège Thomas Masaryk, être enfant d’immigrés ne pouvait amener, au mieux, qu’à l’usine ?

Je n’avais que 14 ans.

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